Uber, ce nom qui fait grincer des dents dans la plupart des pays où il essaie de s’implanter, bien souvent aux dépens des taxis, pourrait bien réveiller la grogne de ses propres chauffeurs puisqu’il s’apprête déjà à s’en débarrasser. Hier, il annonçait l’acquisition d’Otto et la signature d’un partenariat avec Volvo pour expérimenter sa technologie à son siège de Pittsburgh en Pennsylvanie.
Le marché de la voiture autonome, plus dynamique que jamais
Le véhicule autonome connaît une effervescence telle que les plus grands constructeurs historiques enchaînent les acquisitions et les investissements dans cette technologie d’avenir. On pense notamment à l’acquisition de Cruise Automation par GM ou bien à Ford qui a récemment annoncé un partenariat avec le MIT et le numéro 1 Toyota qui collaborent avec les plus prestigieuses universités américaines, dont celle du Michigan où elle va commencer à tester un service de navette automatique. Cette technologie considérée comme fantasque il y a encore quelques années, lorsque des Tesla, Google et Apple initiaient leurs programmes de développement, est progressivement devenue un incontournable de la stratégie d’innovation de tout constructeur automobile. Si les réactions sont encore trop souvent passionnées et exagérées lorsque survient un incident ou accident impliquant un véhicule autonome, en atteste le récent accident mortel impliquant une Tesla Model S, la roue est bel et bien entrain de tourner.
Car sur les dix plus gros constructeurs mondiaux, il n’en est aucun qui n’ai pas indiqué travailler sur cette technologie. Hyundai et Fiat s’étant visiblement tout deux associés à Google.
Dans cette course au véhicule autonome, et comme dans toute course technologique, les acteurs rivalisent de messages de communication et de promotion qui rendent difficile la tâche d’établir un classement général. Un partenariat avec un grand acteur du web par-ci, l’annonce d’un prototype maison par-là. Savoir qui est véritablement en tête est un casse-tête insolvable et les messages grandiloquents se succèdent les uns après les autres. Il y a deux mois, Toyota affirmait fièrement que sa technologie serait rentable dès 2020, tandis que l’inénarrable Elon Musk ne fait que supplanter une annonce choc par une autre encore plus étonnante. Dernière en date, celle des futurs projets de Tesla Motors dévoilés dans son Master Plan Part 2 : camions et bus autonomes, super-usine solaire et production d’énergie renouvelable en masse.
Uber renchérit et annonce des essais imminents
Alors que General Motors a annoncé en début de semaine vouloir investir 500 millions de dollars dans la compagnie de transport Lyft, du côté d’Uber, on ne se laisse pas abattre et on renchérit plus fort.
Fondée en 2009 “par un nuit d’hiver à Paris“, petite start-up digitale est devenue grande. Très grande. Malgré d’éternels bras de fer dans grand nombre de villes du monde, la firme du discret Travis Kalanick poursuit son irrésistible ascension. Parti d’un simple service de transport de personnes à San Francisco, Uber fournit désormais une grande variété de services liés au transport dans exactement 507 villes.
A peine avait-il rencontré le succès que le nouveau géant du web s’était empressé de se lancer dans la course à la voiture autonome. Et de prendre de l’avance. Il expérimentera un nouveau service de transport de personne dès le mois prochain.
S’il cherchait à essuyer l’affront face à son concurrent chinois Didi, qui s’est emparé de sa branche locale le mois dernier, c’est chose faite. L’annonce a pris tout le monde de court. On savait bien que cette start-up désormais valorisée à plusieurs dizaines de milliards de dollars s’était lancée dans la course, mais on ignorait à quel point elle avait pu progresser. Tandis qu’elle fait figure de “petite” licorne instable (elle perd chaque trimestre plusieurs millions de dollars, avec plus d’un milliard de perdus les six derniers mois de 2015), elle n’en démord pas à assène deux coups durs successifs aux grands acteurs du monde de l’automobile.
Aujourd’hui nous en avons une idée plus claire puisque l’entreprise vient d’annoncer plusieurs avancées majeures. Hier, dans une publication sur le blog d’Uber, Travis Kalanick annonçait l’acquisition d’Otto, la jeune start-up fondée par des anciens du projet Google Car et qui veut autonomiser les camions. “Si cela sonne comme un gros coup, et bien… c’en est un. Le monde des atomes est de plus en plus confronté à celui des bits. Et pour amener les services digitaux dans le monde physique, nous devons concevoir une logistique sophistiquée et des systèmes de robotique et d’intelligence artificielle qui élèvent l’humanité“, explique-t-il.
D’après lui, en faisant passer les 90 ingénieurs d’Otto sous son giron, la “dream team” Otto/Uber est devenue “le groupe d’ingéniérie autonome le plus important de la planète“. Si Uber n’a dévoilé aucun véhicule maison, c’est parce qu’il a opté pour une stratégie différente. Fort de sa valorisation à plus de 62 milliards de dollars, la start-up – car oui c’en est une – a choisi de mettre la main sur des technologies viables en signant des partenariats ou, comme dans le cas présent, en acquérant complètement sa technologie. Avec cette acquisition surprise, Kalanick ne fait qu’accélérer la transition du monde des bits à celui des atomes en profitant “des camions et voitures autonomes déjà en route grâce à Otto et au centre de recherche d’Uber à Pittsburgh”. Ce qui laisse tout de même penser que la compagnie développe ses propres véhicules. Une transition dans le monde physique également accélérée par l’expérience d’Uber dans des centaines de villes différentes, et des data collectées “au cours 1,2 milliards de miles parcourus par [ses] chauffeurs chaque mois“.
Et ce n’est pas tout. Otto n’est qu’une mise en bouche. Pour lutter contre l’insécurité routière, la compagnie a également annoncé un partenariat avec Volvo, qui “a toujours été un leader de la sécurité automobile” poursuit Kalanick, soulignant également l’importance de ce partenariat “puisque Uber n’a aucune expérience en matière de fabrication de voitures“. L’objectif est donc de combiner le savoir-faire numérique d’Uber au savoir-faire industriel du constructeur suédois. Une collaboration qui se chiffre à hauteur de 300 millions de dollars et qui veut développer des voitures d’ici 2021, qui, à l’instar d’une année 2016 consacrée à la VR, promet d’être celle du véhicule autonome.
Et visiblement Uber s’en approche à grand pas, puisque, comme le rapportait Bloomberg hier, les Volvo XC90s prendront la route dès le mois prochain. Les collaborateurs du siège Uber de Pittsburgh pourront s’essayer au système de navettes autonomes mis en place par la marque. Si l’on en croit Bloomberg, plutôt que de construire et vendre ses propres véhicules, la start-up se contentera – du moins dans un premier temps – de vendre des kits de capteurs et logiciels permettant d’autonomiser n’importe quel modèle. Une centaine de ces Volvo XC90s sera mise en service d’ici la fin de l’année.
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