Nettoyer l’océan. Éradiquer le septième continent. C’est l’ambition d’une équipe de scientifiques de l’Institut Max Planck de Stuttgart, en collaboration avec l’Institut de Bioinégniérie de Catalogne et de l’Université de Technologie de Nanyang à Singapour. Alors que l’association Surfrider dévoile aujourd’hui les résultats de son vaste programme de recensement des déchets marins et littoraux, la nouvelle tombe à pic.
Cinq mois jour pour jour après la signature, à Paris, d’un accord sur le climat entre les principaux chefs d’Etat du monde entier, la question des océans demeure entière. Alors que l’Océan avait été mis au cœur des négociations par la Ministre de l’Ecologie, les initiatives pour venir en aide aux océans sont nombreuses. L’exemple de cet étudiant néerlandais de 19 ans qui avait élaboré, tout seul, le projet The Ocean Cleanup. Un dispositif économique de ramassage des déchets marins. Tel était le pitch de son projet de petit appareil autonome qui utilise l’énergie des océans pour naviguer. Un échange de bons procédés. Il a depuis passé avec succès plusieurs étapes de tests et devrait braver les flots à partir de 2020.
A ce jour, on estime que le septième continent, cette surface polluée où s’amasseraient plus de 250 000 tonnes de déchets humains, couvrirait une superficie entre 700 000 et 2 000 000 km²… Selon l’océanographe Charles J.Moore, sur les 275 millions de tonnes de déchets plastiques déversées chaque année dans les océans, seuls 30% vogueraient à la surface, tandis que le reste coulerait dans les fonds marins. L’enjeu est donc de taille pour les océanographes, biologistes, climatologues et autres apprentis nettoyeurs marins. Selon l’association européenne Surfrider, “Chaque jour, 8 millions de tonnes de déchets finissent dans l’océan. 80% de la pollution qui touche nos mers est d’origine terrestre et issue de l’activité humaine, avec des répercussions terribles sur la biodiversité et l’ensemble de notre environnement“, a souligné dans un communiqué le président de l’association.
Mais le programme Ocean Cleanup du jeune entrepreneur Boyan Slat a désormais un nouveau concurrent. Samuel Sanchez et son équipe du Max Planck Institute sont spécialisés dans les nanotechnologies. Et plus particulièrement dans l’élaboration de nano-robots. Si la perspective de voir un jour les nano-robots proliférer dans les veines peut en effrayer plus d’un, ils pourraient bien nous donner un sérieux coup de main pour sauver nos océans. Les résultats des recherches de cette équipe montrent que leurs micro-robots sont capables de nettoyer jusqu’à 95% des toxines déposées par les métaux lourds présents dans l’eau. Une pollution largement favorisée par l’essor mondial du marché de l’électronique. “Ce travail est un pas de plus vers le développement de systèmes intelligents de remédiation qui permettent de cibler et de retirer des traces de polluants sans apporter de contamination additionnelle” a résumé Samuel Sanchez.
Les GOx Microbots ressemblent à des tubes miniatures composés de trois couches. La première, composée d’oxyde de graphène capture le plomb à la surface. La seconde, à base de nickel, permet le contrôle magnétique du robot tandis que la dernière, celle du milieu, composée de platine fait office de moteur à peroxyde d’hydrogène. Ces petits bijoux de nano-technologie parviennent à nettoyer 1000 ppb (parties par milliards) en une heure, contre seulement 50 ppb pour un micro-robot non mobile. “Notre Proof of Concept qui dévoile des nanomachines auto-propulsées qui peuvent capturer des traces de métaux lourds, les transporter au lieu voulu pour être relâchées et recyclées, devrait bientôt trouver des applications industrielles concrètes” a conclu Samuel Sanchez. Une note positive donc pour l’avenir des nos océans qui trouvent dans les nouvelles technologies des sauveurs parfois inattendus.
Sites de référence : Association Surfrider, Institut Max Planck, The Ocean CleanUp.
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