La “robotique souple” (soft robotics en anglais) est un nouveau domaine de recherche ayant pour objectif la conception de robots mous, comprenez flexibles, capables de s’adapter plus facilement à des interactions avec des humains. La plupart du temps, les formes des créations de ce secteur sont inspirées d’une étude approfondie de la nature. Et les concepts trouvent leur place dans le réel grâce à l’impression 3D et l’utilisation de filaments flexibles. C’est ce que montre l’exposition Exo-biote présentée dans le studio national des arts contemporains – Le Fresnoy à Tourcoing.
L’exposition Exo-biote, organisée par l’Institut National de Recherches en Informatique et en Automatique et le département des Sciences et Cultures du Visuel de l’Imaginarium, présente un organisme robotique entièrement composé d’éléments souples. Soutenus par la Banque Neufize OBC, les chercheurs tentent de montrer dans cette exposition la typologie et les possibilités de mouvements des robots souples.
Pour comprendre cet intérêt pour la robotique souple, il suffit de considérer deux choses : tout d’abord, quelque chose de rigide peut forcément être brisé. La souplesse permet une meilleure adaptation, et un corps incapable de s’adapter à son environnement entre dans un état considéré comme une partie de la mort, la rigidité cadavérique ou rigor mortis. Ensuite, comme le prouvent certains animaux, la souplesse est un avantage considérable. Il suffit pour cela de penser à une pieuvre, capable de soulever et porter des objets, de marcher, de nager, de changer de forme, de se camoufler ou encore de passer par un tube de la taille d’une pièce de monnaie.
L’idée derrière le projet Exo-biote est d’utiliser l’impression 3D pour créer un “kit de pièces” de base à partir duquel on pourrait construire quelque chose. Une sorte de jeu de construction de robotique souple. En effet, ce n’est qu’en comprenant les composants les plus basiques disponibles pour la conception de robots souples que les chercheurs pourront envisager la conception de machines souples plus complexes.
L’équipe travaillant sur le projet a déclaré que les objets présentés “enflent avec l’air, ils donnent l’impression de vivre au rythme de leur propre souffle. Ces composants sont une partie d’un tout, appartiennent au même corps dont les humeurs peuvent être vues par les battements de leurs organes. La chorégraphie spasmodique entraîne le visiteur dans un voyage où les objets sont affichés comme on présenterait des marchandises, des produits prêts à l’emploi… des organes produits en masse.”
Selon la déclaration des artistes, rédigée par les créateurs Jonathan Pêpe et Julien Guillery, “au fur et à mesure que la technologie avance, les ordinateurs et les corps humains entrent dans une relation de plus en plus intime. En envisageant le futur, cette proximité entre l’homme et la machine m’a conduit à imaginer qu’il pourrait y avoir un changement structurel des ordinateurs. J’émets l’hypothèse que les ordinateurs vont devenir organiques, deviendront des entités vivantes et flexibles. Une question demeure : est-ce que cette façon de concevoir les robots prendra racine dans notre époque ?”
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