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Bruno Bonnell vient de publier une tribune sur le site LesEchos.fr où il pose la question de l'avenir de la robotique humanoïde face à l'arrivée des nouveaux robots collaboratifs, les cobots. Seul l'avenir nous le dira...
Bruno Bonnell est président de Syrobo, syndicat de la robotique grand public et chef de projet du gouvernement. Mais il est également le président de Robopolis, seul distributeur en France des robots ménagers de la marque iRobot. Donc, la robotique humanoïde, comme le patron d'
iRobot, il n'y croit pas... Pourtant on ne peut pas dire qu'elle n'ait pas progressé et qu'elle tend vers un nouveau rapport homme-machine.
Il n'y a qu'à voir comment les robots humanoïdes se sont comportés lors du tournoi de robotique organisé par la
DARPA par exemple. Il est vrai que c'est une des disciplines les plus compliquées en robotique, mais comme le montre cette édude, la
morphologie d'un robot dépendra de la tâche qu'il aura à accomplir.
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Il est clair que dans un contexte industriel, un cobot comme le
Baxter, qui est un semi-humanoïde, fera très bien l'affaire. L'ouvrier se souciera peu d'avoir à ses côtés un robot qui lui ressemble. Mais pour ce qui est de la robotique affective ou la
robotique de compagnie, la question est toute autre...
Voici la tribune de Bruno Bonnell :
L'écrivain tchèque Karel Capek se doutait-il, en écrivant la pièce de théâtre « Rossum's Universal Robots », de son impact futur sur l'inconscient collectif ? Les « robots », mot qu'il crée en 1920, y sont décrits comme des humains décérébrés destinés à remplacer les ouvriers. Cela déclenchera le débat récurrent du conflit entre robotique et emplois. Au-delà, cette vision convaincra de nombreux scientifiques de considérer l'humanoïde comme solution technologique ultime et entraînera des investissements colossaux dans ce « graal » de la robotique… Clément Ader, l'inventeur du mot « avion », chercha lui aussi vainement à faire voler son Eole en lui faisant battre ses ailes de bois. Il est resté cloué au sol, tandis que l'aviation se développait sans imiter les oiseaux.
Aujourd'hui, de nouveaux robots commencent enfin à tuer le mythe anthropomorphique du robot : l'américain Baxter de Rethink Robotics, le suisse Frida d'ABB, les japonais Nextage de Kawada Industries et ADA (Autonomous Dual-Arm) de Seiko Epson. Tous ont en commun de disposer de deux bras symétriques, d'une vision sophistiquée et sont capables d'exécuter une multitude de tâches humaines. Mais ils n'ont rien d'humanoïdes. « Ils ne sont pas conçus pour ressembler à l'homme, mais pour avoir une géométrie humaine, comme l'explique le professeur japonais Hirochika Inoue. Adaptables et collaboratifs, ils ne sont plus perçus comme des concurrents potentiels, mais acceptés comme des collègues de travail. » Responsable de la robotique chez Kawada, Inoue a initié un atelier pilote au sein de l'entreprise japonaise Glory, qui fabrique des monnayeurs. Plusieurs dizaines de robots Nextage y travaillent en association avec du personnel humain. Hommes et robots sont interchangeables sur les postes de travail en fonction des compétences des équipes. On parle d'ailleurs de « cobots », un néologisme soulignant la complémentarité homme-robot. Avec ses robots zombies, Karel Capek avait anticipé la révolution robotique, mais sous-estimé la capacité de la société à s'adapter à la technologie. Cette nouvelle génération de « cobots » est le premier pas vers un nouveau rapport homme-machine.
Bruno Bonnell