A l’occasion du Baidu Technology Innovation Conference 2016, la conférence majeure de communication sur ses activités, le géant chinois a fait part de ses projets et avancées technologiques.
En début de semaine, lors de sa conférence annuelle qu’il tient depuis 2007, le CEO de Baidu a présenté les grandes lignes du programme Baidu Brain – très similaire à Google Brain – confirmant que la réorientation stratégique du groupe sur l’intelligence artificielle est bel et bien actée.
Nouveau partenariat avec Nvidia et tests de voitures autonomes, ouverture de sa plate-forme de développement d’IA, abandon des projets de drones et un gadget intelligent développé en collaboration avec Harman, tels sont les indices qui laissent penser que le chinois entend bien dominer l’industrie technologique.
Des partenariats avec Nvidia et Ford
Après avoir ouvert trois centres de recherche à travers les Etats-Unis cette année, et quelques jours seulement après avoir dévoilé l’apparence de sa nouvelle voiture autonome, le Google oriental a de nouveau misé gros sur le futur de l’intelligence artificielle.
Mi-août, le moteur de recherche numéro 1 en Chine a rendu public une opération d’investissement menée conjointement avec Ford dans l’une des principales sociétés de conception de capteurs LiDAR. A savoir Velodyne. Ceux-là même qui servaient aux véhicules sans conducteurs de Ford à rouler la nuit comme si de rien était. Une montée au capitale qui se chiffre à 150 millions de dollars et qui devrait permettre aux deux groupes d’accélérer le développement de nouveaux capteurs et d’en appliquer les bénéfices directement sur les véhicules autonomes respectifs.
Et ce n’est pas l’unique pion avancé par Baidu, car il vient de s’associer avec un autre géant, de l’électronique cette fois-ci. L’objectif de ce partenariat est de mettre au point une plate-forme pour équiper tout spécialement les véhicules autonomes. Cette plate-forme baptisée Drive PX 2 a été annoncée au CES de Las Vegas par Nvidia et lancée la semaine dernière. Elle est composée de deux processeurs Parker et de deux GPU Pascal (lancés début août). Le tout pour une capacité de traitement allant jusqu’à 24 trillions d’opérations de deep learning par seconde selon la compagnie. Volvo, qui s’est récemment rapproché d’Uber va prochainement expérimenter la plate-forme électronique sur ses modèles.
« En combinant [nos capacités techniques], nous serons capables de délivrer une architecture de relais entre le cloud et la voiture, qui pourra ainsi débarquer sur les routes dans les prochaines années » a expliqué Jen-Hsun Huang, fondateur et directeur général de Nvidia.
Par capacités techniques, Huang fait référence au savoir-faire électronique de Nvidia et de son Drive PX2, et à l’expertise en deep learning de Baidu, dont les centres de recherche s’activent à développer des solutions intelligentes, comme le Baidu Music Composer, une IA capable d’apposer de la musique qui s’inscrit dans le ton d’une oeuvre picturale.
Une nouvelle qui tombe à point nommée, puisque le chinois a tout récemment obtenu l’aval du Département de Véhicules Motorisés de Californie, l’instance qui régule la circulation sur les routes de l’état ouest-américain, pour y faire ses tests sur routes.
Baidu confirme sa trajectoire de R&D
Après avoir démarré l’année 2016 en annonçant qu’il allait augmenter significativement son budget de Recherche et Développement, le chinois persiste et signe.
Ces partenariats ne font qu’appuyer la réorientation stratégique du groupe vers le développement de l’intelligence artificielle. Comme le rapporte le Quotidien du Peuple (Ren Min Ri Bao), les nouveaux investissements de Baidu ne font que confirmer sa nouvelle orientation, notamment imposée par le fait que « l’activité traditionnelle de Baidu souffre de contrôles plus stricts imposés à la publicité sur Internet« . Une tendance à la baisse d’envergure mondiale et qui justifie déjà les trajectoires qu’ont pris des entreprises comme Google et Facebook aux Etats-Unis. Selon le quotidien national, c’est cette dynamique qui pousse l’entreprise chinoise à « s’intéresser aux véhicules sans conducteur qui pourraient devenir un nouveau moteur de la croissance de l’entreprise« .
Une réorientation qui n’est pas sans conséquence sur ses autres activités. Mardi, le site ChinaTechNews révélait que le groupe chinois abandonnait définitivement un de ses projets phares : la livraison par drones. Lancé en 2015, le projet Baidu Takeaway prévoyait de déployer des flottes d’UAV capables de transporter des colis alimentaires pour les livrer à ses clients.
C’est à l’occasion la Conférence sur l’Intelligence Artificielle de Chine que Lin Yuanqing, directeur du laboratoire de recherche en deep learning de la compagnie, a fait part de la nouvelle : « les UAV sont vraiment intéressants, mais chez Baidu, nous commençons à douter de notre capacité à rivaliser avec DJI parce que nous ne les produisons pas nous-mêmes« . Un constat, qui dit-il, s’est fait après avoir mené de longues études de marché afin de déterminer « les lieux auxquels les voitures et les livreurs ne pouvaient pas se rendre, mais à l’arrivée, nous nous sommes rendus compte que le marché n’était pas si grand« . Il assure néanmoins que la technologie ne sera pas complètement abandonnée et qu’elle devrait appuyer d’autres projets de l’entreprise.
Un pour tous et tous pour un
Autre aveu de ce changement de cap, Baidu a annoncé vouloir open-sourcer sa plate-forme de développement d’IA. Le chinois rejoint donc le bal des puissantes multinationales qui s’inscrivent dans une démarche open-source (logiciel libre). Aussi étonnant que cela puisse paraître, considérant l’affection pour la confidentialité et le secret des affaires des grandes entreprises, les géants du web ne semblent avoir cure de ce principe de base qui a pourtant forgé les règles de la compétition internationale durant les deux siècles derniers.
A l’instar de Facebook avec la palte-forme FAIR, de Elon Musk et de son OpenAi Gym, de Microsoft et de ses projets AIX et CNTK ou bien encore de Google avec Tensor Flow, Baidu ambitionne d’agréger les forces programmatrices des chercheurs du monde entier, curieux de s’entraîner et de créer des intelligences artificielles de façon libre. Une tactique qui, comme nous l’avions déjà rappelé, ne doit pas cacher les dessous d’une stratégie bien huilée par les grands groupes, soucieux d’engager les services des plus éminents esprits de la planète de façon purement gratuite.
Harman, nouveau partenaire de Baidu
Pour finir d’enfoncer le clou, le moteur de recherche chinois a annoncé mardi qu’il s’était associé à Harman, le fabricant de matériel audio, dans le but de concevoir des « hauts-parleurs intelligents activés par la voix, intégrés à la technologie avancée de Baidu en matière d’intelligence artificielle« .
Aucune information n’a encore fuité sur le design ou le prix de ce futur produit, qui ne devrait pas être prêt pour le prochain CES de Las Vegas. USA Today a contacté Bijit Halder, le chef de produits de Baidu, qui a pu en dire un peu plus sur ce projet : « Il arrivera plus tôt que vous ne le pensez, c’est tout ce que je peux vous dire« , en ajoutant néanmoins que l’association des deux entreprises vise à fournir à l’utilisateur la possibilité « de tenir une conversation naturelle avec l’objet, et de ne pas se contenter d’émettre des ordres« . L’objectif final étant que l’assistant personnel soit en mesure d’anticiper vos goûts et volontés, « plutôt que vous lui demandiez de jouer la chanson de tel artiste, vous devriez pouvoir simplement lui ordonner de ‘jouer une musique entraînante’, et il comprendra ce que vous voulez dire« .
Crédits photo de une : Patrick T. Fallon/Bloomberg : Robin Li devant le slogan Baidu Brain.
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