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Aux Jeux Olympiques de Rio, un robot pour écrire les dépêches sportives

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Avec internet, le flux d’informations est tel qu’il est devenu impossible de suivre le rythme pour les rédactions traditionnelles. C’est pourquoi le Washington Post a embauché Heliograf, son journaliste sportif automatisé.

Un robot dans la rédaction du Washington Post

Ressuscités par Pierre de Coubertin en 1896, les Jeux Olympiques sont progressivement devenus synonymes du plus grand événement sportif de la planète. Pour cette édition brésilienne, ce sont pas moins de 11362 athlètes qui sont en train d’en découdre dans plus 300 activités dans une trentaine de disciplines sportives. Multipliez tout cela et vous obtenez un nombre considérable de résultats sportifs. Et autant de dépêches sportives à rédiger pour l’armada de journalistes déployés par les rédactions du monde entier.

Et pour satisfaire la soif de résultats des spectateurs, le Washington Post a trouvé une solution originale. Elle a embauché un robot tweetos. Celui-ci délivre en temps réel les informations les plus croustillantes sur le déroulé des Jeux.

De son petit nom “Heliograf”, ce bot a été conçu par les équipes du Washington Post, qui possède toute une division dédiée à l’innovation journalistique. Et elle ne fait pas que les développer pour ses propres soins, elle les vend. Sa branche Arc Publishing, est entièrement consacrée à ce job et compte déjà une large gamme de produits et services divers et variés, un véritable “éco-système d’outils” pour reprendre ses termes. Un dashboard (tableau de bord) de publication rapide et intuitive, des logiciels d’intégration vidéos et autres contenus digitaux, Loxodo, la plate-forme d’analyse de données qui permet aux éditeurs de suivre leurs activités en temps réel et de manière centralisée et ainsi de suite.

Et pour s’assurer que ses lecteurs les plus technophiles restent bien informés, la couverture live du bot est compatible avec Alexa, l’intelligence artificielle de l’assistant personnel Amazon Echo. Avec elle, impossible de manquer le début d’un match ou d’ignorer le nombre de médailles récoltées par son équipe nationale. Il suffit de télécharger l’application WaPo.

La narration automatisée a le potentiel de transformer la couverture médiatique du Post. Un plus grand nombre d’histoires narrées par la puissance des data et du machine learning changeront radicalement la façon dont les lecteurs obtiennent l’information” explique Jeremy Gilbert, directeur des initiatives stratégiques du Washington Post, “les Jeux constituent la meilleure opportunité pour démontrer le potentiel de cette technologie. En 2014, notre équipe de journalistes sportifs a passé un temps inimaginable à récolter et publier les résultats. Heliograf dégagera nos journalistes et éditeurs d’une certaine tâche pour se concentrer sur l’analyse et la contextualisation de chaque événement en prodiguant une vision qu’eux seuls peuvent prodiguer“.

Selon l’ingénieur en chef du service de data science du quotidien, la couverture des JO par Heliograf n’est que la première étape : “notre prochain défi est d’élargir l’éventail de sujets couverts, tout en approfondissant l’analyse et en identifiant des possibles sujets pour notre rédaction“.

Le journaliste est-il voué à disparaître ?

On a longtemps classé les métiers selon la dichotomie particulièrement réductrice “métiers manuels versus métiers intellectuels”. Les métiers manuels étant les plus nombreux et les premiers a avoir été en partie automatisés dès le XIXe siècle (et bien avant, l’invention de la roue automatisa le déplacement…) du fait de leur caractère répétitif. Et les métiers intellectuels étant ceux qui nécessitent avant tout une réflexion. Ces métiers de la connaissance, en référence à l’appellation américaine knowledge workers, se déclinent en une très grande variété de métiers plus ou moins répétitifs et calculés, et donc, plus ou moins automatisables.

Tout dépend évidemment de ce que vous mettez dans le terme “automatisation”. Si vous y mettez tout ce qui a avoir de près ou de loin avec la machinisation, alors tous les métiers quels qu’ils soient peuvent être touchés. Tous les journalistes écrivent désormais sur ordinateur… Maintenant, si par automatisation vous mettez tout ce qui remplace des postes humains – ce qu’on a pris l’habitude de faire – alors on peut considérer que les métiers dits intellectuels (dans le sens large où la chose produite ne provient pas des mains mais directement de l’esprit) sont bien plus en sécurité.

Mais cet état de fait est en train de voler en éclats. Car avec la révolution numérique et informatique, un nombre de tâches toujours plus grand peut désormais être assumé, voire, mieux exécuté que par un humain, peu importe le caractère manuel ou non de cette tâche. L’essentiel étant qu’elle soit répétitive et donc prévisible. Et à ce petit jeu là l’intelligence artificielle pourrait bien gagner puisque le champ du répétitif est en constante dilatation, du fait de l’amélioration des capacités d’analyse et de traitement de l’information des machines.

Néanmoins, si l’intelligence artificielle a fait bien des progrès, aucune ne remplace directement un métier. Elles se contentent le plus souvent d’assumer certaines tâches spécifiques afin de soulager les employés d’un fardeau plus ou moins lourd selon la mission et les performances du logiciel. Loin des réactions passionnées qu’elle suscite chez les hommes, l’IA n’est en réalité qu’un simple instrument, comme l’Homme a toujours eu l’habitude d’en concevoir. A la seule différence que cet instrument est plus efficace qu’aucun autre auparavant.

Le journaliste sportif, première cible des robots

Comprendre le langage est l’un des défis les plus coriaces que les chercheurs essaient de relever. L’application la plus courante est celle du chatbot, cet agent de conversation virtuel qui vous guide sur les sites de commerce en ligne. Et de nombreux algorithmes et IA sont conçus dans l’unique but de comprendre la langue, pour la traduire (Google traduction), l’analyser pour mieux comprendre le consommateur (DeepText de Facebook), ou modérer les contenus inappropriés sur le web.

Tout le monde s’accorde à dire que le journalisme est un métier de réflexion et d’analyse. Or la principale mission du journaliste est de transmettre l’information. Le mieux étant de la transmettre en la compilant sous une forme créative et constructive pour attirer et renseigner le lecteur. Et bien sûr, en matière de compilation et d’agencement, rien de tel qu’un bon vieux programme informatique.

Les premières cibles des robots journalistes : l’économie, le sport et les résultats d’élections. Trois rubriques journalistiques dominées par l’agrégation d’informations numériques : le PSG a gagné 3-0. La bourse a dégringolé de 3%. Tel parti politique a remporté 30% voix dans au moins 25 circonscriptions électorales. Et ainsi de suite. Non seulement ce type d’article se caractérise par une mise en avant des chiffres, mais surtout par sa rapidité de parution. Pour qu’ils aient du sens, les résultats de matchs ou d’élections doivent être rédigés et publiés au plus vite. Et au plus vite pour une machine, cela veut dire instantanément. Inutile de préciser qu’une machine exécutera donc cette mission bien plus efficacement.

Ne vous méprenez pas, à l’instar des autres types de métiers, l’automatisation ne touchera pendant longtemps qu’un certain type de tâches (rapport d’information brutes). Elle ne remplacera pas encore les journalistes mais les redirigera vers d’autres fonctions comme l’analyse, la re-contextualisation, le reportage, l’interview etc…

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