Pourtant aussi ancienne que l’informatique, l’intelligence artificielle s’est retrouvée peu à peu délaissée par la recherche ces dernières décennies. Aujourd’hui, entre fascination et inquiétude, elle se replace au centre de l’attention, aussi bien scientifique que médiatique et commerciale. Pionnier en la matière, le géant de l’électronique japonais l’a bien compris, l’intelligence artificielle connaît un nouvel emballement, et il ne faudrait pas manquer le coche. C’est pourquoi Sony vient d’investir dans la start-up américaine Cogitai, spécialisée dans les systèmes d’apprentissage automatique.
Qui ne se souvient pas d’Aibo, le petit chien robot culte de la marque japonaise ? C’était il y a 17 ans. On pensait la branche robotique et intelligence artificielle de Sony au point mort, ou presque. Que nenni ! Le laboratoire de sciences cognitives et informatiques de Sony, fondé en 1988, est bel et bien toujours en activité, en atteste l’existence de plusieurs laboratoires de Computer Science, dont un situé à Paris.
L’annonce de cette alliance inédite entre Sony Corporation et Cogitai intervient un mois seulement après que Sony ait présenté un nouveau modèle d’assistant personnel, l’Xperia Ear. Cet assistant personnel, dont le fonctionnement repose sur une forme d’intelligence artificielle, permet à l’instar d’un Google Now ou d’un Siri, de contrôler et d’exécuter à distance les différentes tâches jusque-là assumées par le smartphone. Connecté à votre smartphone via bluetooth ou NFC, l’appareil vient se loger dans votre oreille et répond à vos ordres vocaux. Mais le géant nippon ne compte pas s’arrêter là. En investissant dans Cogitai, Sony confirme sa volonté de reprendre le train de l’intelligence artificielle, qui connaît un véritable engouement à la fois médiatique et scientifique depuis l’année dernière. A travers cette maneuvre, Sony et Cogitai entendent collaborer “pour développer de nouvelles technologies A.I grâce au deep learning et aux technologies de prédiction“.
Cogitai (Cogit pour penser et ai pour A.I) est une start-up qui a été fondée en septembre 2015 par trois chercheurs en intelligence artificielle. Mark Ring, le CEO, est l’un des pionniers de la recherche en apprentissage progressif, le COO Peter Stone est professeur de robotique et systèmes multi-agents à l’Université du Texas, tandis que Satinder Signh Baveja, en charge de la partie technologie, est professeur d’apprentissage profond et renforcé à l’Université du Michigan. Leur but ? Concevoir des machines capables d’apprendre en permanence de leur expérience du monde, et d’apparaître plus intelligent, plus compétent, plus habile pour répondre aux tâches les plus banales du quotidien. La petite équipe de la start-up sera également assistée d’un Brain Trust qu’ils ont eux-mêmes fondé et qui rassemble les plus éminents esprits de la recherche en intelligence artificielle.
Le retour triomphant de l’IA
Si l’intelligence artificielle a très vite montré ses limites dans les années 1980 et 1990 par sa capacité à ne remplir que des tâches très spécifiques, bien que plus efficacement que nous autres humains (en atteste la victoire de Deep Blue sur Gary Kasparov), elle connaît ces dernières années un véritable retour de flamme. A la faveur de la numérisation du monde, les géants du numérique ont été amenés à poncer et soigner leurs algorithmes, toujours plus affinés. Entre avancées scientifiques et progrès technologiques, l’intelligence artificielle a progressivement sut se refaire une place dans la R&D des entreprises. Grâce aux avancées en matières de micro-processeurs, de traitement de la donnée et de stockage des informations, le fantasme de l’intelligence artificielle est devenu plus réel que jamais, poussant toutes les grandes entreprises à rentrer dans le mouvement et à se livrer une bataille technologique féroce. IBM, Facebook, Google, Deep Mind, Microsoft, tous ont misé sur l’I.A. Mais pas seulement, et c’est là le signe d’un renouveau, l’I.A est partie à la conquête des secteurs les mieux ancrés dans l’économie comme l’automobile, secteur dans lequel la majorité des constructeurs ont emboîté le pas de Google et de sa voiture autonome.
Les deux entreprises mettent un point d’honneur à l’élaboration de systèmes de développement autonomes et continuels. C’est à dire sur les systèmes qui peuvent apprendre de façon continue par leur propre expérience. Ils sont convaincus que la combinaison entre deep learning et reinforcement learning est la clé du futur de l’informatique. Cette forme de deep reinforcement learning est considérée comme la clé pour dépasser les limites actuelles des systèmes informatiques, cantonnés à apprendre, certes, mais dans un cadre déjà clairement défini par l’Homme. Selon Sony, la victoire d’AlphaGo sur Lee Sedol est un bon exemple d’avancée spectaculaire en matière de deep reinforcement learning. L’objectif de cette alliance, c’est donc de dépasser ce stade de la machine capable de battre l’homme sur des tâches complexes mais très spécifiques. Leur collaboration vise à créer des systèmes qui peuvent apprendre par expérience et ce de manière continue et dans un large éventail de domaines.
Concevoir des machines qui pourront apprendre beaucoup plus du monde réel que nous en sommes nous-mêmes capables, et qui à terme pourront interagir entre elles pour confronter leurs savoirs propres et ainsi créer une émulation intellectuelle, c’est le grand projet de Sony et Cogitai qui comptent bien propulser l’économie de la connaissance 4.0.
Cet article Avec Cogitai, Sony se lance de nouveau dans la course à l’intelligence artificielle est apparu en premier sur H+ MAGAZINE.