L’implémentation des Smart Cities, ces villes connectées qui promettent un confort de vie jusqu’ici inégalé, pourraient bien se révéler beaucoup plus ardue et coûteuse que prévu. Le rapport d’étude de Machina Research sur le déploiement des solutions de l’internet des objets est sans appel. Les municipalités pourraient gâcher 341 milliards de dollars au cours de l’implémentation de ces villes intelligentes.
Depuis quelques années, le terme de Smart Cities revient sur le devant de la scène. Mais qu’est-ce donc qu’une ville intelligente ?
Comme pour votre voiture intelligente ou votre téléphone intelligent, la ville du futur sera elle aussi intelligente. La smart city, c’est la c’est la ville de demain. C’est en substance la ville radieuse de Le Corbusier à l’heure de l’informatique, l’abbaye de Thélème à l’heure du numérique. En plus d’un réseau d’eau courante et d’électricité, c’est une ville équipée d’un réseau internet global. Grâce aux nouvelles technologies toujours plus performantes qui arrivent sur le marché à des prix toujours plus faibles, l’espoir d’une ville connectée qui s’auto-régule prend vie. La ville 2.0, c’est comme le corps 2.0. Prenez l’exemple des applications et instruments de mesure qui prolifèrent sur le marché. Grâce à ces instruments, on mesure sa fréquence cardiaque, son taux de sucre, on contrôle le nombre de pas que l’on a fait dans la journée, le nombre d’heures de sommeil dont on a pu profiter durant la nuit, ou bien encore contrôler le nombre de calories ingurgitées à chaque repas. Bref, on peut désormais quasiment tout savoir, tout mesurer de son train de vie quotidien. Le but, c’est évidemment d’analyser ces données, pour améliorer ce fameux quotidien. L’optimisation, c’est la nouvelle tendance qui gagne non seulement les consommateurs, mais également les pouvoirs publics et les municipalités, qui ont tout intérêt à faire des économies pour offrir le meilleur train de vie à leurs habitants.
La smart city est en réalité un véritable carrefour de la vie urbaine. Elle répond à des logiques et des exigences aussi bien économiques que démocratiques, sociales ou environnementales. En conjuguant les nouvelles technologies de manière générale à celles de l’information et de la communication, la ville intelligente favorise l’accès des habitants à l’information, au débat public et aux transports, tout en donnant aux entreprises et aux pouvoirs publics les moyens d’administrer intelligemment et durablement. Grâce à un réseau important qui associe tous les services et les habitants de la ville, la connectivité favorise à la fois l’innovation et la productivité, la mobilité des habitants, la participation à la vie démocratique et à l’administration de la ville et la transparence des pouvoirs publics, l’accès aux soins, à la culture et à l’éducation, la diversité et la créativité, la lutte contre la pollution et la protection de l’environnement.
C’est pourquoi de nombreuses villes font le choix de la connectivité. Du boulevard connecté pour réguler le trafic routier, au ramassage des déchets par des robots, en passant par la maison intelligente, la connexion ouvre de nouveaux horizons à l’administration des territoires et des modes de vies. Très concrètement, elle permettrait d’optimiser les services des transports publics et la consommation d’énergie de manière générale aussi bien pour les foyers que pour la municipalité qui pourrait planifier l’éclairage public au rythme des heures d’affluence. Les 6 piliers de la ville intelligente sont : une gouvernance durable (qui répond plus facilement aux besoins urbains et des habitants), un habitant intelligent (qui régule sa consommation et son mode de vie), un éco-citoyen responsable, une économie durable car frugale mais productive, un environnement durable car préservé et une mobilité intelligente car pensée dans son ensemble et en temps réel.
Des économies… en théorie
Selon l’Institut Gartner, les smart cities pourraient faire 30% d’économies par rapport à une ville traditionnelle. Mais c’est sans compter les frais d’implémentation de ces villes intelligentes.
Si les villes émergentes comme Lagos au Nigéria sont paradoxalement pionnières en matière de smart city, ce n’est pas un hasard. Quoi de mieux que de partir de zéro pour ériger de nouvelles infrastructures ? Les villes nouvelles disposent d’une marge de manœuvre autrement plus grande que les vielles villes comme Paris, où le réseau est déjà saturé et où il est difficile de trouver des espaces libres. Ainsi selon un rapport d’étude de Machine Research, l’intégration de l’IoT dans nos villes s’avère beaucoup plus coûteux qu’il n’en a l’air. Parmi les contraintes qui expliquent ce coût, l’absence de standards en matière d’échanges de données. Les différents fabricants d’appareils connectés n’obéissent pour le moment à aucune espèce de norme, ce qui participe de leur éclatement et donc des difficultés à uniformiser un tel réseau.
Les utilisateurs ne voient guère d’intérêt à acheter une multitude d’objets contrôlables via autant plate-formes. Sans l’édiction du principe d’interopérabilité, le cabinet d’étude estime que le déploiement des solutions IoT dans nos villes impliquerait $341 milliards de dollars de dépenses supplémentaires d’ici 2025 sur un coût total estimé à plus d’1 trilliard de dollars.
Un coût ahurissant en grande partie expliqué par les frais que devraient couvrir les municipalités pour intégrer différents types d’appareils à un même réseau.
En clair, si la perspective d’une ville connectée dans laquelle tous les services seraient optimisés paraît heureuse, les budgets serrés des municipalités les empêchent d’investir de façon ambitieuse dans des solutions globales et innovantes. Sans l’édiction de normes d’interopérabilité des appareils produits par les différents constructeurs du marché, le déploiement des villes connectées pourrait coûter jusqu’à 30% plus cher.
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