La faune australienne est la proie d’un prédateur insoupçonné : le chat errant. Pour lutter contre la prolifération des chats errants qui menacent la biodiversité du pays, le gouvernement emploie désormais un robot-trappeur.
A la différence du scandale qui avait opposé le premier ministre australien au couple Depp qui avait introduit illégalement son chien sur l’île, la question des chats est une affaire très sérieuse. Débarqués en même temps que les premiers colons britanniques, les chats avaient pour mission de chasser les souris, rats et lapins qui habitaient le bush australien. Très vite, c’est toute la faune locale qui se retrouve bouleversée. Et deux cent ans plus tard, il n’y a plus de souris, certes, mais il y a beaucoup, beaucoup trop de chats. En 2005, un rapport du parlement australien soulevait déjà le problème. Il estimait la population des chats errants à plus 20 millions d’individus. Une sur-population à l’origine de la mort de plus de 70 millions d’animaux chaque jour. Les chats ont été désignés comme la menace la plus grande pour la faune mammifère de l’Australie, avec un facteur deux fois supérieur à celui des renards roux.
Aux grands maux les grands remèdes
Barrières, poisons, fusils, le pays recourt depuis longtemps à de nombreuses techniques pour composer avec cette sur-population animale qu’elle a elle-même provoquée. Ainsi, en juin 2015, le gouvernement australien a lancé l’opération extermination des chats errants.
Objectif ? Réduire d’environ 10% la population féline du pays. Soit la bagatelle de 2 millions de chats. Attention, les objectifs de ce vaste plan sont très sérieux. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le principe qui guide l’action du gouvernement, c’est la préservation de la biodiversité. Une cause tout à fait honorable, mais qui n’est pas sans faire grincer des dents du côté des défenseurs du droit des animaux, Brigitte Bardot en tête. “Les chats sont responsables de l’extinction d’une vingtaine d’espèces animales” lui a répondu le premier ministre en personne dans une lettre ouverte.
Pour résoudre ce problème, le gouvernement a décidé de s’en tenir aux bonnes vielles méthodes : le poison. Avec un budget de 2,7 millions de dollars, la lutte contre la prolifération des chats est loin d’être une blague en Australie. Le plan est divisé en plusieurs volets, dont chaque état a la charge. Parmi les techniques développées dans le cadre de ce plan, figurent notamment Eradicat et Curiosity, deux dispositifs d’appât empoisonnés testés dans l’état de Kimberley.
En Nouvelle Galles du Sud, le gouvernement local entraîne des chiens pour pister les chats et les renards. Et en Australie Méridionale, on la joue un peu plus technologique. Il y a d’abord CatScan, une application vouée à cartographier les chats errants et d’évaluer les dégâts sur la faune et la flore en temps réel. Vient enfin le “piège à toilettage” de l’Université de d’Australie-Méridionale en collaboration avec la société Applidyne.
Dans le cadre de ce projet, l’écologiste John Read a mis au point un aspergeur de poison pas tout à fait comme les autres. Ressuscité, le nouveau Davy Crockett a bénéficié d’un dépoussiérage en règle. Le robot conçu par John Read utilise des capteurs laser pour détecter les chats errants et les “différencier des autres animaux et leur envoyer du poison en spray” explique t-il. Et ce n’est pas tout, “le robot peut émettre toute une série de sonorités, comme des piaillements, pour attirer les chats” et ainsi maximiser son efficacité. Pour éviter au mieux les bavures, les capteurs ont été spécialement conçus pour enclencher le dispositif dès qu’ils repèrent un animal de la taille d’un chat, ni plus petit, ni plus grand. Le dispositif envoie du poison sur la fourrure du chat, “il profite du talon d’Achille du chat“, sa toilette exemplaire. Une fois la dose adéquate dispensée, le piège se recharge automatiquement. Un dispositif automatique qui permettera de réduire considérablement le budget de la luttre contre les chats errants.
Le piège robotique a été testé pour la première fois début avril dans la réserve de Pullen Pullen, connue pour ses perroquets de nuit, particulièrement menacés par l’abondance des félins dans la région.
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